Bien entendu, pour la linguiste en herbe que je suis, l'une des idées cachées derrière ce départ au Mexique était d'apprendre l'espagnol. Si je lui ai préféré l'allemand à l'époque du collège, c'est parce que bien ancrée en moi, j'avais l'idée qu'un jour je partirais dans un pays hispanophone et que je saurais m'en sortir sans avoir pris un seul cours. Déjà en Erasmus, mes amis galiciens ou andalous m'avaient initié à la compréhension orale en ne faisant jamais l'effort de s'adresser à moi dans une autre langue que la leur. Qui plus est, j'avais un vocabulaire extrêmement étendu, notamment en matière d'insultes... Bref, je ne m'inquiétais pas plus que ça.
Mais force est de constater que l'espagnol ne s'apprend pas en un jour. Déjà presque un mois que je suis ici, et j'en suis encore à un stade débutant. C'est vrai que je ne passe pas mon temps sur mon Bescherelle et que j'ai d'autres occupations trop chronophages pour m'astreindre à une leçon quotidienne, mais quand je m'entends me planter sur des formes verbales que j'utilise pourtant tous les jours, je maudis la conjugaison espagnole de ne pas être aussi simple que l'allemande. Je fais tout de même de discrets progrès, notamment grâce à mes étudiants qui cherchent avec moi la traduction de certaines phrases, mais aussi suite aux nombreux problèmes que nous avons eus à l'appartement, style coupures d'eau, qui nous ont obligées à parler aux techniciens ou à appeler Combugas pendant de longues minutes.
Tout est bon pour progresser : les conversations de Roberto, le chauffeur de taxi, aller faire les courses au supermarché du coin, partir déjeuner "en immersion totale" avec des étudiants en sachant pertinemment qu'on sera très vite paumé. Nous avions même commencé à prendre des cours avec un ami, également professeur de l'alliance, mais trouver un créneau horaire d'une heure et demie en commun sur trois emplois du temps surchargés, c'est mission impossible donc nous y avons renoncé. Finalement, la meilleure solution pour tenir une conversation sans repasser au français reste celle que l'on connaît déjà : boire son content de tequila et laisser les langues se délier.