mercredi 30 janvier 2013

Ser o estar, esa es la cuestión.

Bien entendu, pour la linguiste en herbe que je suis, l'une des idées cachées derrière ce départ au Mexique était d'apprendre l'espagnol. Si je lui ai préféré l'allemand à l'époque du collège, c'est parce que bien ancrée en moi, j'avais l'idée qu'un jour je partirais dans un pays hispanophone et que je saurais m'en sortir sans avoir pris un seul cours. Déjà en Erasmus, mes amis galiciens ou andalous m'avaient initié à la compréhension orale en ne faisant jamais l'effort de s'adresser à moi dans une autre langue que la leur. Qui plus est, j'avais un vocabulaire extrêmement étendu, notamment en matière d'insultes... Bref, je ne m'inquiétais pas plus que ça.

Mais force est de constater que l'espagnol ne s'apprend pas en un jour. Déjà presque un mois que je suis ici, et j'en suis encore à un stade débutant. C'est vrai que je ne passe pas mon temps sur mon Bescherelle et que j'ai d'autres occupations trop chronophages pour m'astreindre à une leçon quotidienne, mais quand je m'entends me planter sur des formes verbales que j'utilise pourtant tous les jours, je maudis la conjugaison espagnole de ne pas être aussi simple que l'allemande. Je fais tout de même de discrets progrès, notamment grâce à mes étudiants qui cherchent avec moi la traduction de certaines phrases, mais aussi suite aux nombreux problèmes que nous avons eus à l'appartement, style coupures d'eau, qui nous ont obligées à parler aux techniciens ou à appeler Combugas pendant de longues minutes.

Tout est bon pour progresser : les conversations de Roberto, le chauffeur de taxi, aller faire les courses au supermarché du coin, partir déjeuner "en immersion totale" avec des étudiants en sachant pertinemment qu'on sera très vite paumé. Nous avions même commencé à prendre des cours avec un ami, également professeur de l'alliance, mais trouver un créneau horaire d'une heure et demie en commun sur trois emplois du temps surchargés, c'est mission impossible donc nous y avons renoncé. Finalement, la meilleure solution pour tenir une conversation sans repasser au français reste celle que l'on connaît déjà : boire son content de tequila et laisser les langues se délier.

vendredi 25 janvier 2013

Florence

Vous pensez bien qu'ici aussi, on en entend beaucoup parler, de cette sacrée Florence Cassez. Le Mexique est divisé, l'affaire fait la une de tous les journaux, je reçois des informations par sms qui parlent de "la francesa", bref on ne peut pas vraiment passer à côté. En revanche, personne ne m'en a encore parlé directement, et tant mieux puisque je ne suis que très peu documentée sur son cas. Mais si ça rue autant dans les brancards, c'est parce que son procès met au jour d'un côté les manipulations et abus de pouvoir des hommes politiques mexicains, et de l'autre, le recours courant, presque normal, aux arrestations truquées, aux preuves fabriquées de toute pièce, et aux aberrations judiciaires qui frappent chaque jour le peuple mexicain. Un vent de changement soufflera-t-il sur le désert mexicain ?

jeudi 24 janvier 2013

Norma

Norma, c'est notre voisine du haut. La semaine passée, nous avons reçu une gentille invitation pour aller prendre le thé chez elle, en soirée. Après une grosse journée de travail, je me décide à monter les quelques marches qui séparent notre appartement du sien, regrettant vivement de m'éloigner de mon lit. En arrivant, nous découvrons qu'elle avait non seulement prévu du thé, mais également des "tortas" au poulet, une sorte de sandwich qu'on appelle également "lonche" dans le nord du Mexique, pour les connaisseurs. Nous nous sommes donc régalées et avons uni nos maigres connaissances de l'espagnol pour lui faire la conversation. 

C'est alors qu'elle nous raconte qu'elle tenait, avec son mari, une grande marbrerie avec plein d'employés. Surfant sur la vague de développement que connaissait la région de la Laguna, l'entreprise était prospère et la vie était facile. Mais un jour, les cartels ont pris le pouvoir dans la région et ont commencé à réclamer des impôts illicites à tous les commerçants. Quand ils ont refuser de payer, on a enlevé et séquestré leur petite-fille. Finalement, ils ont mis la clé sous la porte et n'ont aujourd'hui plus rien. Le mari vit chez sa soeur "car il ne supporte pas la vie de pauvre", mais Norma, elle, s'est réfugiée dans ce petit appartement et continue à nous faire des tortillas, à l'occasion.

mardi 22 janvier 2013

Dunas de Bilbao

Première sortie hors de la ville pour aller visiter les dunes de Bilbao, à une cinquantaine de kilomètres de chez nous.




Ma coloc Fred, songeuse devant ces étendues
 Anecdote du jour : après seulement quelques mètres dans les dunes, nous croisons un type vêtu à l'ancienne, chemise tâchée de sang et pistolet à la main ! Un court métrage ambiance western était en cours de tournage. Plus bas, la photo des deux cowboys avec leur réalisateur.


jeudi 17 janvier 2013

Emploi du temps

Et c'est assise au fond d'une salle de classe, attendant patiemment d'hypothétiques étudiants qui ne viendront plus, que je commence la rédaction de cet article. Entre ce faux-départ et le changement d'emploi du temps en cours de semaine dernière, c'est parfois déroutant, mais les capacités organisationnelles mexicaines feront l'objet d'un autre article, revenons à nos moutons.

Mes premières heures de travail, le lundi 7 janvier, se sont passées dans le Colegio Alemán, un collège  réputé difficile et peuplé de gosses de riches. Vu ce que j'avais entendu avant d'y mettre les pieds, je stressais un peu mais finalement il s'avère que, certes, certaines classes sont dures à gérer, mais les autres sont plutôt cools, quoique toujours bavardes. J'ai des classes qui vont de la 7ème, première année de collège, à la 12ème, année du bac. Ces derniers doivent passer le DELF A2 en fin d'année, et je dois donc les y entraîner, mais pour les autres nous n'avons - ouf ! - aucune obligation de résultat et le cours de français est un peu la garderie du principal, quand il ne sait plus quoi faire de ses étudiants. Un peu comme les cours d'espagnols dans les collèges français finalement... la classe qui ressemble plus à la récré qu'à un vrai cours. La plupart des élèves n'en ont rien à foutre et n'ont jamais choisi d'étudier le français. Bref. J'y fais en tout treize heures de cours, mais qui durent en réalité quarante-cinq minutes chacune, c'est vite passé.

Depuis cette semaine, je me rends tous les après-midi (sauf quand je suis malade...) à l'Université De la Salle (oui, oui, St Jean Baptiste lui-même, sauf qu'ici on prononce "délassayé"), qui est dans un autre état que celui où j'habite, mais pas à plus de 10 minutes de route, on n'a même pas l'impression d'être sorti de la ville. Le lundi et le mercredi, j'ai un groupe de débutants qui comptait une personne lundi, deux mercredi, qui sait, peut-être trois lundi prochain ? Le mardi et le jeudi, pour l'instant je n'ai personne... Si le cours a été programmé, c'est qu'il devrait y avoir des inscrits mais le mystère reste entier : où se cachent-ils ? L'endroit est très agréable, ce sont en théorie de petits groupes tranquilles qui me permettent de me reposer de ma matinée agitée et j'ai hâte que cela commence vraiment.

Je suis donc dans la même situation que tous les professeurs de l'Alliance : je travaille essentiellement en externe. Les cours donnés au sein même de l'Alliance n'ont lieu que le soir, de 5 à 7 ou de 7 à 9, ou bien le samedi matin de 9 à 13. Pour l'instant, mis à part un remplacement, je n'ai pas encore commencé là-bas mais j'hériterai bientôt d'un cours le samedi matin, personne n'y coupe. En bonne logique, les cours à l'Alliance sont les plus agréables car ce sont de petits groupes de personnes, ados ou adultes, très motivées, un public idéal, donc.

Et pour boucler mon programme, je suis en charge du Ciné club de l'Alliance, et j'ai commencé hier soir avec "Le chat du rabbin" qui a su enchanter une foule de sept personnes ! Oui, il y a encore des efforts à faire du point de vue de la communication mais nous allons développer tout ça. Voilà mon petit quotidien qui s'installe de jour en jour. Bientôt des anecdotes croustillantes à vous mettre sous la dent.

Anecdote du jour : Ce matin, il a fait très froid et la moitié des mes étudiants, voire même un peu plus pour certaines classes, ont spontanément décidé de ne pas se pointer. Je m'étonnais un peu mais tout le monde avait l'air de trouver cela normal. Pas de neige ni de verglas, il fait froid un point c'est tout. Je rentre chez moi, en parle avec mon coloc Henri qui me répond que dans l'établissement où il travaille, la direction a carrément décidé d'annuler tous les cours. Olé !



L M M J V S


8h



























Alemán



















Alliance










13h







Université



















Ciné club
16h




























21h








Tentative de reproduction de mon emploi du temps

mercredi 16 janvier 2013

Déjà malade

Fiou... une gripounette vient de me mettre au lit, depuis samedi après-midi jusqu'à ce soir où je vais à peu près mieux, mais tout de même avec la gorge en vrac et la peau du nez en lambeaux. Moi qui voulais vous raconter ma rentrée pas à pas, je vais devoir écrire un gros article pour tout résumer, et je ne suis même pas sûre d'en avoir le temps avant vendredi ou samedi. (Bah oui, y'a pas que sur le blog que j'ai pris du retard, j'ai tout plein d'autres choses qui urgent...) Ne désespérez pas, je me mouche et je reviens !

Quand je vous disais qu'il faisait froid...

mercredi 9 janvier 2013

Invierno

La question du climat étant de celles qui reviennent souvent, je me permets d'y répondre avant qu'on ne me la pose. Certains m'imaginent sans doute en t-shirt et sombrero, sirotant des mojitos à l'ombre des palmiers. Les palmiers sont bien là, les citrons verts et le rhum aussi. Oui, mais ... nous sommes en plein hiver. Ce qui ne ferait aucune différence dans bon nombre de pays, et même au sud du Mexique où les températures sont plutôt élevées. Sauf qu'à Torreón, nous sommes à 1.200 mètres d'altitude (et non 2.000, comme j'ai pu le dire à certaines personnes, qui voudront bien pardonner mon erreur).

Bref, j'ai commencé à écrire cet article hier soir au coin du feu. Enfin de l'espèce de radiateur à gaz qui permet de rendre la maison habitable. Et je finis de l'écrire ce matin, dans ma chambre que le soleil réchauffe doucement, mais en supportant mon pull. Dehors en plein soleil, on pourrait presque marcher en t-shirt, mais dès qu'un nuage se pointe où qu'on marche à l'ombre, ça ne va plus. Et dès que le soleil se couche, c'est la catastrophe. La ville étant située au beau milieu du désert, nous avons le climat qui va avec : ensoleillé et chaud le jour et froid dès que le soleil s'absente. Nous avons expérimenté hier notre première tempête de sable, assez impressionnante, et nous attendons avec curiosité les pluies de sable.

Cet hiver mexicain a toujours existé mais il ne durait habituellement que quelques jours. C'est à cause du changement climatique global que l'hiver s'allonge chaque année un peu plus. Et la population n'est pas du tout préparée, nous faisons partie des rares privilégiés à avoir un chauffage intégré dans la maison. Pour les autres, seuls restent les petits chauffages d'appoints dont les rayons des supermarchés ont été dévalisés. Heureusement, les températures se réchaufferont à partir de mi-février et dès lors, il fera très chaud, le jour comme la nuit. Et nous bénirons la climatisation qui, elle, est installée dans tous les appartements de la ville.

Notre radiateur bien-aimé.

dimanche 6 janvier 2013

Rentrée

Alors que nous survivions depuis trois jours, un peu lâchés dans la nature, Camille, ancienne locataire des lieux, est passée nous voir. Elle a fait changer la bouteille de gaz pour que nous puissions nous doucher à l'eau chaude, allumer le chauffage (ce qui n'est pas négligeable vu la période glaciaire que traverse la région) et cuisiner. Elle nous a expliqué comment fonctionnait la machine à laver et tout un tas de détails pratiques que nous n'avions pas encore compris. Autrement dit, c'est LA personne que nous attendions. 

Elle m'a également présenté le Colegio Alemán, qui n'a d'allemand que le nom en fin de compte, où je commence à enseigner dès demain matin. Elle y travaille depuis plusieurs mois, m'a dit où elle en était rendue dans le programme et surtout où je devais aller demain matin. De plus, comme nous nous partageons la grande majorité des classes, nous allons pouvoir préparer nos cours ensemble. Bref, un dimanche à 16h, on est content de l'apprendre... Le stress retombe.

vendredi 4 janvier 2013

Le périple

En un mot : long. Un autre mot, si vous insistez : fatiguant. Un peu plus de quarante heures de voyage entre le moment où j'ai quitté ma maison et celui où je posais mes bagages sur la terrasse d'un petit restaurant de Torreón et m'asseyais en compagnie de mon directeur et d'un collègue pour manger mes premiers tacos.

À refaire :
  • Prendre le train qui va directement à l'aéroport, et non celui qui s'arrête à Montparnasse. Quel soulagement de ne pas avoir à prendre le métro et le RER chargée comme une mule !
  • L'escale à Chicago avec des sièges sans accoudoirs qui permettent de s'étaler de tout son long et de dormir plusieurs heures de rang en attendant sa correspondance.
  • Voyager avec un mp3 rempli de chansons anglophones : rien de tel pour accompagner une sieste à Chicago que Neil Young, Cat Stevens ou encore Leonard Cohen.
  • Atterrir le matin et pouvoir prendre tout son temps pour retirer des mexican pesos, prendre un taxi pour la gare autoroutière, trouver son bus et arriver avant la fin de journée à sa destination finale.
  • Atterrir à Monterrey et prendre le bus pour Torreón en traversant le désert. Très joli, le désert. Montagnes qui ressemblent à des tas de cailloux éboulés, beaucoup de petits arbrisseaux très secs et de cactus, villes désolées où personne ne traîne dans les rues, grandes routes où circulent seulement des camions et des bus, et un climat qui devient de plus en plus aride à vue d'œil.

À éviter à l'avenir :
  • Partir sans visa ni contrat de travail et devoir faire faire un faux billet et mentir à l'immigration pour qu'on vous laisse passer.
  • Transiter par les USA, répondre à des tonnes de questions et être scannée en intégralité, poser des questions à des gens qui vous répondent sans même daigner vous jeter un regard et avoir peur qu'on ouvre le sac pour prendre les deux pauvres tablettes de chocolat qu'on a essayé d'y cacher. (Elles sont passées tout de même, c'était un test, la prochaine fois je ramène du saucisson et du fromage).

  • Compter sur la nourriture dans l'avion pour se sustenter. D'habitude, on en ressort en ayant mangé pour les trois prochains jours mais cette fois, c'est seulement dans le premier avion que j'ai eu un repas et un snack. Les vols suivants étant plus court, j'ai eu tout juste droit à un verre de jus d'orange.
  • Ne pas connaître son fuseau horaire et devoir chercher des indices pour déterminer l'heure qu'il est. Dans les aéroports, ca va, mais je suis actuellement avec mon coloc, nous avons rendez-vous à 11h et nous ne savons pas trop s'il est 8h30 ou 9h30...

Anecdote du jour : J'ai bien aimé ce slogan vu sur une affiche dans l'aéroport d'Houston, c'était une campagne contre le réchauffement climatique je pense. « How many lightbulbs does it take to change an American ? »

mardi 1 janvier 2013

Départ : mañana

Clairement, je suis beaucoup moins préparée pour le Mexique que pour mon ancien poste au Burundi. Je n'ai pas eu le temps pendant mes vacances en France de me renseigner sur le pays ni même d'apprendre l'espagnol. Je n'ai pas vraiment réalisé que je partais jusqu'au moment où j'ai bouclé ma valise, cet après-midi. J'ai dit au revoir à mes amis et à ma famille comme si je partais pour deux semaines de vacances. Bref, le stress n'est pas trop envahissant. Et comme je n'ai pas le temps d'écrire un article convenable, je vous laisse avec la photo que nous donne Google quand on tape "Torreón". (Je crois vraiment que l'accent aigu sur le o a influencé ma décision de partir dans cette ville au nom si poétique.)

El Cristo de las Noas